Rayon de Lune

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Alamane 1 - La forêt arvenne

 

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Quatrième de couverture :

 

Heureux fils d'un riche aubergiste, Alamane voit sa vie paisible voler en éclats le jour où l'armée drukhse accuse son père de haute trahison.
Emprisonné puis vendu comme esclave, il ne lui reste plus qu'un seul but : survivre !
Il est désormais prêt à tout pour y parvenir.

L'histoire à la fois délicate et brutale d'un enfant emprisonné dans un monde de violence. Longue quête initiatique de celui qui veut grandir, devenir un homme et comprendre qui il est, avant de songer à accomplir ses rêves de vengeance.

 

Recommandé par  dans son émission rêves et cris n°9  (compte noco nécessaire).

 

 

 

Cycle : Alamane

 

I.S.B.N. : 

1ère édition : 978-2-919325-04-7 

2ème édition : 978-2-9552867-9-1

Édition numérique : 978-2-9523055-6-3

 

Format : 155mm x 235mm

 

Nombre de pages : 298

 

Prix :

papier 16 € disponible sur Mon beau livre.

ebook 6 € (epub ou mobi) disponible sur la boutique 

 

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L'illustration : Sébastien Sanchez.

 

L'auteur : Phœbé préfère vous prévenir que ce volume est réservé à un public averti.

 

La genèse du roman :
En travaillant sur Bah-lor, il est devenu évident que son histoire méritait un complément. Ainsi est né Alamane. Dans un style un peu plus osé que son prédécesseur. La trame en est touffue. Assez pour plusieurs volumes dont voici le premier.

 

 

Page Facebook : ici

Désormais un blog est entièrement consacré à Alamane. N'hésitez à y rejoindre les fans : alamane.blog4ever.com

 

 

Critiques :

** Ma petite Phoebe.... voui, tu es plus petite que moi (na !), j'ai reçut le livre avec ma petite dédicasse coquinement gourmande... Dire que j'ai lu le livre ? non... en deux soirées, il y ait passé... à la moulinette, je l'ai RE dévoré, dire que cette fin me laisse sur la mienne ne serait peu dire. Encore une fois, sans accros, il a coulé entre mes doigts, les lignes défilant trop vite ! j'ai adoré m'y voir, encore, dans cette armée sans merci ou ce petit rayon de soleil, à qui on a envie de faire mille misères brille devant nous !Du bonheur à dire vrai. La suite ? je me l'imagine dans tout les sens, avec des scénarios plus pervers et machiavéliques les uns que les autres. Donne moi vite ma nourriture !! Un grand merci. Caro

 

** Il y a quelques temps je vous avais proposé de lire Nightrunner, quelques uns ont suivit mon conseil et n'ont pas été déçus, donc je recommence. =))
Pour la petite histoire, je "zonnais" sur Facebook autour de notre intérêt commun :p quand je suis tombée sur le profil de Phoebé qui parlait de son livre Alamane, en précisant qu'elle serait présente à la JE avec.
Le Jeudi de la Japan Expo, je me suis rendue sur son stand, et j'ai récupéré le premier Tome d'Alamane, La forêt Arvenne. Comme quoi on tombe sur des perles parfois, sans vraiment chercher. =)

Dans Alamane, on est en Fantasy, et comme l'annonce sans équivoque la couverture, en "Yaoi Fantasy". =)
L'histoire commence en pays Sicite, annexé il y a une centaine d'année par l'impressionnant, et assez impitoyable Empire Drukh. Les parents d'Alamane tiennent au Auberge, et la vie est plutôt belle pour notre jeune héros de 12 ans (au début du livre).
Mais, vous vous en doutez, tout va brutalement basculer lorsque ses parents et lui sont arrêtés par l'armée Drukh... Alamane en est séparé et se retrouve propulser dans un monde de brutalité qui ne lui fera pas de cadeaux.
Les épreuves vont se succéder pour Alamane, qui vont le marquer profondément. Mais elles vont aussi le renforcer et affirmer son caractère (c'est d'ailleurs une des choses que l'on suit avec beaucoup d'intérêt dans ce livre : l'évolution de sa personnalité).

En ce qui concerne le côté Yaoi maintenant. Il y a dès le début et tout du long, une tension sexuelle autour du héro. Alamane est Sicite ce qui implique un physique assez androgyne, et c'est ici la principale source de ses problèmes. Le couple se forme un peu plus loin dans le livre (environ au tiers du livre), et devient le centre de toute l'intrigue.
Le couple est vraiment intéressant, ce qui m'a emballée surtout c'est son réalisme. Les choses ne se passent pas trop vite et sans difficultés. Les sentiments également se construisent au fur et à mesure, parfois en faisant un grand bond en avant, parfois en régressant. Pour les difficultés il y a tout d'abord la condition d'Alamane, il est esclave depuis ses 12 ans, également le fait qu'il est sur le champ de bataille, en forêt Arvenne, où l'Empire est en prise avec les Autochtone de la forêt.
Mais surtout le caractère emporté et dominateur de son amant (un haut gradé de l'armée, pour faire court), qui ne manquera pas de provoquer des heurts et donc beaucoup d'émotion chez le lecteur (*_*), surtout qu'Alamane n'entend pas être aussi docile que sa condition lui imposerait. :p
La relation de ce couple, est de base celle de maître à esclave, mais est trop réductrice pour vraiment la définir. Il y a un phénomène d'apprentissage pour chacun d'eux aux côtés de l'autre, qui est, dans bien des aspects, très intéressant à suivre. =))
L'histoire est réellement basé sur Alamane et le couple. Il y a donc une modération à la description de tout ce qui ne concerne pas les personnages eux-même et qui ne sert pas l'histoire dépeinte, et donc "ça avance" !! Pour en savoir plus sur l'Empire et les guerres de conquête il faudrait s'atteler à la lecture des autres romans de l'auteur qui a déjà écrit sur cet univers.
Enfin, le dernier point, qui pour moi est très important : l'écriture. L'auteur écrit très bien, on la sent rodée à la Fantasy ce qui fait qu'elle gère son univers sans contradictions, et définit même son propre style. Elle ne commet pas de maladresse dans l'écriture, chaque mot est pesé et non là par hasard.
J'apporte néanmoins un petit bémol sur le la présence de coquille dans les phrases. Les coquilles sont des erreurs de frappe ou des mots (les articles souvent) qui manquent. Il y en a quelques unes dans le livre, pas de quoi vous perturber outre mesure, et pas de quoi vous empêche de dévorer le livre en quelques jours à peine (comme moi xD). Yumeless l'original de l'article ici.

 

 

**Chronique de Platinegirl:

 

Bien que je lise très souvent des romans issus de ce que j'appelle "les courants de l'imaginaire", il est finalement assez rare que je lise de la fantasy. Sans vouloir entrer dans les détails, c'est souvent dû à une couverture peu attrayante et à une histoire trop lourde pour me détendre.


Avec ce premier tome de la saga Alamane, ces deux points négatifs sont simplement inexistants.


Premier point: la couverture du livre. Celle-ci est très belle et m'a tout de suite donné envie de le lire. Je ne rentrerais pas plus en détail dans les aspects du livre en tant qu'objet, contrairement à l'habitude, car je l'ai lu sous forme de fichier texte au format pdf. Toujours est-il que j'ai trouvé le texte très bien mis en page et que je sais que, s'il est aussi bien présenté dans le livre matériel, ce ne sera pour vous que du bonheur à lire. Je pense notamment aux caractères qui sont faciles à lire même quand on a quelques soucis optiques et sa paire de lunettes de lecture loin de soi!

Second point: la facilité de lecture. Il est rare que je me plonge aussi vite dans un roman de fantasy, tant leur lecture et leur univers sont denses en règle générale. Ici, il n'en est rien. L'histoire a une mythologie particulièrement bien développée (un mix entre les fées et les humains qui vire à l'avantage de ces derniers) qui m'a tout de suite happée dans ma lecture. Les pages virtuelles se tournaient d'elle-même et j'étais même étonnée d'être si rapide à lire une histoire de fantasy dont il fallait d'abord que je m'acclimate avec l'univers, les us et les coutumes! La transition de ma réalité à celle de Phoebé est passée comme une lettre à la Poste, tout simplement. Et, ce, grâce à une écriture fluide et bien vivante. On a beau être loin du registre courant de la littérature, les phrases sont construites avec un sens de la logique populaire mais néanmoins très poétique (mis à part deux phrases dans tout le livre, phrases qu'il m'a fallu relire afin de les comprendre). Les discours directs et indirects sont menés avec brio et s'enchainent de manière naturelle, tout en nous ménageant des temps de repos entre les péripéties et les pensées qu'affrontent Alamane. Justement, en parlant de notre héros, il est tout de suite très attachant malgré sa jeunesse et le fait qu'il ne me ressemble en rien! Tant et si bien que l'élément déclencheur de son drame (voir la quatrième de couverture) m'a fait verser quelques larmes.

 

Phoebé nous livre ici un roman fort intéressant et terriblement divertissant. J'ai d'ores et déjà hâte de lire le tome 2 pour savoir ce qui attend le héros, Alamane. En attendant, je peux rattraper mon retard dans les autres livres de l'auteure, notamment la saga "Les chroniques arvennes" qui, comme leur nom semble l'indiquer, montrent une autre facette de cette mythologie propre à l'univers de Phoebé.

Attention cependant, ce roman est un yaoi/fantasy, le public est averti que des scènes sexuelles pouvant choquer sont présentes...

L'article original ici.

 

 

Il s'agit ici de l'histoire d'un enfant qui va parcourir un voyage initiatique de grande ampleur. Il va quitter sa petite vie tranquille pour les souffrances de l'esclavage et apprendre la vie à la dure. Il va croiser après la mort de ses parents, la guerre et la violence. Soumis à ces adultes méprisants, à des hommes sans respects pour l'être humain, il va tout de même trouver un sens et une certaine beauté à la vie, auprès de son protecteur. Comme quoi, même dans le malheur, on peut toujours trouvé un peu de bonheur. 

Cependant, il s'agit surtout d'une histoire d'amour, à ne pas mettre entre toute les mains, car tout y est relaté sans fard, avec beaucoup de violence ou de délicatesse quand le récit le nécessite. Il s'agit d'un ouvrage pour adulte, de genre Yaoi et Fantasy, dans un univers inspirés des conquêtes de l'Empire Romain et les druides Celtique.

On ne s'ennuit pas une seconde, les combats étant aussi crus que les scènes érotiques. J'ai passé un très bon moment avec cet ouvrage. Lanael Logan. L'original ici.

 

 

J'ai commencé à lire le premier tome et tout de suite je me suis plongé dedans ^^ et je ne sais pas pourquoi mais je me suis dit que ça pourrait faire un bon film car avec toutes les descriptions, tu t'imagines trop bien les lieux, les personnages, les scènes en général XD enfin bref je me fais mon petit film en mm temps que je dévore l'histoire. Vivement le second volume :D (dé9u de pas l'avoir commencer plus tôt) Angéle Mussard

 

D'AUTRES AVIS SUR  BOOKNODE.

 

POUR PUBLIC AVERTI :
En raison de scènes"osées." Ce livre est un roman de Yaoi/fantasy.

 

Trois petits extraits ICI pour vous mettre l'eau à la bouche. Afin de préserver la surprise de savoir qui fait quoi lors de la lecture du livre, les noms ont été changés.

 


 

Chapitre 1er

   — Alamane !

   En entendant la voix de son père, l’adolescent bondit sur ses pieds. Sans doute un client venait-il d’arriver à l’auberge familiale aussi et on avait besoin de lui pour l’accueillir.

   Alamane jeta un regard au bouchon de sa canne à pêche. Comme le morceau de liège flottait toujours dans la rivière, il fronça le nez, déçu de ne pas avoir de prise à rapporter. Il s’essuya les mains sur les fesses de son pantalon, se saisit de ses sandales dénouées qu’il avait négligemment abandonnées sur un gros rocher et grimpa quatre à quatre la colline. Au sommet se dressait une grande auberge de deux étages rehaussés de combles. Entre les grosses poutres apparentes, la façade était chaulée de frais chaque printemps. De larges fenêtres s’ouvraient dans chacune des chambres situées aux étages. Durant l’hiver, son père les condamnait avec des armatures de bois ajouré sur lesquelles il collait du papier huilé. Ainsi un peu de lumière pénétrait mais le froid et la pluie restaient dehors. En été, des volets permettaient de se protéger du soleil mais la plupart des résidents les laissaient grand ouverts pour profiter de la vue sur les collines agrémentées de bosquets, la rivière ou la forêt lointaine. D’une chambre d’angle, on pouvait même, en se penchant un peu, apercevoir la ville.

   Idéalement placée à moins d’une heure d’une grosse cité marchande, l’auberge avait été érigée à un important carrefour des trois plus grandes routes commerciales des pays inféodés à l’Empire. Ici passaient les caravanes venant du Nord, de l’Est et de l’Ouest pour se diriger vers le cœur de l’Empire et sa capitale Rampolis, située beaucoup plus loin au Sud. Suzènes, Galoriens et Vandralhs se retrouvaient en pays sicite avant de pénétrer sur le territoire drukhs et l’auberge constituait une halte bienvenue pour les voyageurs. Loin de l’agitation de la ville, elle offrait le calme et le repos dont les marchands avaient tant besoin avant de reprendre leur route après d’âpres négociations, de longs trajets sous la menace constante des bandits et l’inconfort des camps de fortunes.

   L’arrière-grand-père d’Alamane l’avait construite à proximité d’une source potable. Son grand-père l’avait agrandie de bains chauds au sous-sol. Son père l’entretenait avec amour et, le jour venu, Alamane en hériterait. Il savait déjà quelles améliorations il y apporterait et imaginait chaque jour un jardin sur le côté, avec beaucoup de fleurs et des aromates.

Sur l’arrière, une vaste écurie proposait des stalles individuelles, du sel, des céréales et de la paille aux chevaux, alors que le bétail en transit trouvait un peu plus bas des enclos aménagés et constamment surveillés par cinq molosses. Lorsque les bêtes avaient fini de tondre l’herbe grasse, Alamane et son père les conduisaient dans un second parc dissimulé par un bosquet. Ce dernier abritait également le poulailler où une vingtaine de poules fournissait les œufs du petit-déjeuner alors que pigeons et canards agrémentaient la table. Les lapins se multipliaient dans le clapier, offrant la matière première à la confection de délicieux pâtés dont la mère d’Alamane s’était fait une spécialité, au point que même les habitants de la ville venaient lui acheter.

   Il y avait toujours beaucoup de travail à l’auberge. Heureusement Alamane n’était pas le seul à aider ses parents ; deux esclaves constituaient la principale main-d’œuvre, offrant ainsi quelques heures de liberté à l’adolescent qui en profitait pour aller pêcher poissons ou écrevisses. Activité qu’il espérait bien reprendre avant la nuit, si les clients n’étaient pas trop nombreux.

   Il accéléra sa course. Dès qu’il apparut au sommet de la colline, son père le repéra et lui sourit :

   — Voici mon fils, nobles seigneurs. Il s’occupera de vous durant votre séjour. N’hésitez pas à lui demander tout ce dont vous pourriez avoir besoin.

   « Flûte, des nobles ! » songea le garçon.

   Autant dire qu’il pouvait oublier sa partie de pêche. Ces gens-là avaient toujours besoin de vous. Incapables de s’habiller ou de manger seuls, il fallait les assister constamment. Comme tout le monde, Alamane détestait les nobles. Surtout les drukhs comme ces deux-là. Sous prétexte que leur maudit empire avait annexé tous les pays limitrophes, plus quelques autres, ils se pavanaient avec arrogance alors qu’ils ne savaient même pas lacer leurs sandales !

   En parlant de sandales, Alamane n’avait pas rechaussé les siennes et allait pieds nus. Il les cacha dans son dos d’un geste vif, conscient que les nobles ne le regardaient pas et ne risquaient donc pas de se rendre compte de son manque de tenue. Mais son père, si.

En bon commerçant, Alamane offrit son plus beau sourire. Il n’atteignait pas ses yeux mais passait pour sincère à un examen superficiel. De toute façon, ils affectaient de l’ignorer. Lui, en revanche, les dévisagea sans vergogne, ainsi il les reconnaîtrait à chacun de leurs passages ; les clients appréciaient d’être reconnus et donnaient souvent une pièce au gamin capable de les saluer avec leurs noms et leurs titres.

   La femme était jeune, hautaine, pas vraiment laide mais son nez trop long et ses joues creuses allongeaient encore son visage étroit, anéantissant ses chances de plaire. Un chignon compliqué remontait ses cheveux noirs, comme ceux de n’importe quel Drukhs, haut sur son crâne. Une tunique gracieusement drapée mais froissée par le voyage la couvrait du cou jusqu’aux chevilles. D’élégantes manches de voile diaphane cachaient ses bras. D’énormes bagues ornaient ses doigts fins. Un large collier agrémenté de pierres et de perles reposait sur sa poitrine menue. Voir une femme drukhse était en privilège rare. Peu nombreuses, elles ne quittaient jamais leurs riches villæs encloses de hauts murs protecteurs. Il n’existait que deux raisons pour lesquelles une Drukhse acceptât l’inconfort d’un voyage : soit, elle gagnait la capitale de l’Empire pour trouver un époux digne d’elle, soit elle venait d’épouser son compagnon et regagnait sa demeure.

   L’attention d’Alamane se reporta vers l’homme courtaud, râblé, musclé, cheveux courts et couturé de cicatrices ; un ancien militaire donc. Il semblait encore assez jeune, pas plus de quarante ans n’avait, par conséquent, effectué qu’un seul service. Chez les Drukhs, le service militaire durait dix années réparties en deux périodes de quatre ans et six mois avec une coupure d’un an pour regagner ses pénates. Les femmes héritant de tous les biens de leurs parents, l’armée était souvent pour les jeunes nobles, la seule solution pour gagner leur vie et acquérir assez de prestige pour séduire une épouse ou au moins la famille de celle-ci.

    Comme le père d’Alamane disait toujours : « si l’Empire n’a pas connu de période de paix depuis plus de six cents ans, c’est parce qu’il ne produit que des soldats et qu’il faut bien qu’il les utilise, s’il ne veut pas de guerre civile. »

    Le pays sicite avait eu le malheur d’être son plus proche voisin et avait donc subi ses assauts le premier. Il avait rapidement succombé face à son irrésistible avance. Son roi avait abdiqué sans condition. Il était parti vivre à Rampolis sous les yeux de l’Empereur et, aux dernières nouvelles, ses descendants y résidaient toujours, si souvent mariés à des Drukhs qu’il ne leur restait plus guère de sang sicite dans les veines.

    Alamane, quant à lui, était un pur sicite… c’est-à-dire un mélange d’humain et de fée. Son père possédait un quart de sang fée et sa mère un quart de sang humain. Ce qui faisait de lui un demi-sang à parts égales. Des fées, il avait hérité l’ossature fragile, la beauté délicate et le teint pâle ; des humains, le sens des réalités, des cheveux noirs et des yeux couleur noisette. De sa mère, il avait hérité ses talents de cuisinier ; de son père, son sens des affaires et un embonpoint certain.

   « Un aubergiste se doit d’être gros ! » clamait son père à qui voulait l’entendre. « S’il est maigre, c’est que sa nourriture est mauvaise. Or qui voudrait s’arrêter dans une auberge où la nourriture est mauvaise ? » Il souriait, se resservait et resservait son fils par la même occasion. Malheureusement son épouse avait bien trop de sang fée pour grossir, aussi la cantonnait-il dans les cuisines où elle officiait avec brio. À la fois cuisinière, pâtissière et boulangère, elle enseignait tous ses secrets à son fils.

   À douze ans, le garçon était aussi à l’aise pour élaborer une sauce aux saveurs subtiles qu’à guider un bœuf vers son enclos. S‘il n’avait jamais mis les pieds à l’école, située beaucoup trop loin en ville, il savait cependant un peu lire et écrire car son père le lui avait appris. En revanche, il comptait très bien, connaissait toutes les monnaies de l’Empire et d’ailleurs, parlait couramment trois langages (le Drukhs, le Sicite et le Suzène) et en baragouinait plusieurs autres car les voyageurs appréciaient toujours qu’on les saluât dans leur langue. Aussi s’y employait-il.

   Trop jeune pour occuper un véritable poste, il les connaissait néanmoins tous : à la fois serveur, cuisinier, pâtissier et boucher. Il accueillait les clients et s’occupait des chevaux. Il faisait le ménage et aidait à la lessive. La seule tâche de l’auberge qui le rebutait était la vaisselle ! Il détestait par-dessus tout décrasser les chaudrons, les plats ou la cheminée graisseuse de la cuisine. Aussi était-ce devenu pour son père la pire punition à lui infliger lorsqu’il désobéissait. Son dernier récurage d’une gamelle où un fond de sauce avait brûlé remontait à plus d’un an et il ne s’en souvenait que trop bien, comme si le graillon lui collait encore aux doigts. Fort heureusement son naturel doux le poussait à complaire à ses parents et son père n’éprouvait pas le besoin d’élever la voix contre lui.

Alamane lui jeta un bref coup d’œil, lui signifiant ainsi qu’il prenait la suite en main. Il s’inclina bas devant les nouveaux clients et sa longue natte manqua de toucher terre. Il la récupéra prestement et la glissa dans la ceinture de son pantalon. En se relevant, il réajusta sa chemise d’une seule main afin de ne pas lâcher ses sandales.

   — Si vous voulez bien me suivre, je vais vous conduire à votre suite.

   Il vérifia qu’un des esclaves de l’auberge se chargeait des bagages alors que l’autre guidait serviteurs et conducteur de char vers l’escalier extérieur menant au dortoir aménagé sous les combles à leur intention. Lui-même entra, par la large porte principale, dans une salle calme et fraîche où quelques tables cirées avec application attendaient les dîneurs. Il se débarrassa avec discrétion de ses sandales dénouées derrière le battant de la porte, puis traversa le hall jusqu’à un escalier de bois. Il monta posément, guettant les bruits de pas dans son dos. Débouchant au milieu d’un couloir qui desservait les chambres, le jeune garçon s’engagea sans hésitation sur la gauche où se trouvaient les pièces les plus spacieuses. Les nobles drukhs voulaient toujours une suite avec plusieurs chambres et une salle commune qui leur rappelle leurs villæs construites autour d’un atrium. L’auberge disposait de deux suites ainsi conçues. Une seule étant encore disponible, Alamane y conduisit ses clients. Il ouvrit, s’effaça et les laissa entrer :

   — Les bains se situent aux sous-sols de l’auberge. Un masseur peut vous y rejoindre sur simple demande.

   Il attendit un moment au cas où ils lui réclameraient quelque service ; ils se contentèrent d’explorer les lieux sans commentaire aussi les salua-t-il avec respect avant de redescendre, soulagé. Il sortit et aida l’esclave à dételer les chevaux, les conduire à l’écurie, ranger le large véhicule composé d’un véritable lit muni de baldaquins posés sur une espèce de chariot. Deux sortes de rideaux pendaient à la structure de bois : à l’extérieur de lourdes tentures opaques pour la nuit, l’hiver ou plus d’intimité et, à l’intérieur, de simples voilages qui protégeaient de la poussière et permettaient de profiter du paysage sans être vu.

   Ayant achevé ces corvées, Alamane s’assura que les nouveaux clients n’avaient besoin de rien puis alerta son père qu’il filait à la rivière récupérer son matériel de pêche.

   — Ne traîne pas en route !

   — Je me dépêche, promis.

   Pour le prouver, il partit en courant.

   Il dévala la colline. Près de la rivière, il eut la bonne surprise de trouver un poisson récemment ferré qui se débattait encore. Il plongea aussitôt sur la ligne et tira d’un coup sec pour assurer sa prise. La bête avait du répondant mais Alamane l’extirpa de l’eau avec l’adresse née d’une longue pratique. Il la jeta sur la berge. Il tira son couteau de cuivre du fourreau dissimulé sous sa chemise et en quelques gestes précis lui coupa la tête et récupéra son hameçon. D’habitude, il écaillait et vidait ses prises sur place puis rejetait les déchets dans la rivière pour le plus grand délice des charognards aquatiques mais aujourd’hui son père comptait sur lui pour se hâter aussi rassembla-t-il rapidement ses affaires avant de reprendre sa course. Essoufflé, il se précipita dans les écuries où il remisa son matériel de pêche avant de gagner les cuisines pour rentrer. La grande pièce était d’une propreté immaculée. Sa mère y régnait en maîtresse absolue et ne tolérait ni saleté ni désordre aussi l’adolescent resta-t-il sur le pas de la porte en brandissant sa prise sans oser pénétrer plus avant. Une petite femme mince et souple le rejoignit en souriant. Elle portait ses longs cheveux blonds teintés de vert, nattés et roulés autour de son crâne. Hors de question qu’ils la gênent lorsqu’elle cuisinait ou pire que l’un d’eux n’aille tremper dans la sauce !

   Elle félicita son fils pour sa belle prise et lui tendit une bassine d’eau tiède, une serviette et un bout de savon. S’il voulait aller plus loin, il devrait se laver au moins les pieds et les mains. Il obtempéra puis, comme sa mère, roula sa natte autour de sa tête avant d’en coincer l’extrémité puis il se faufila vers la salle principale et l’entrée où il retrouva ses sandales. Assis sur la première marche de l’escalier, il les enfila et les laça haut sur son mollet, par-dessus son pantalon.

   Les clients n’allaient pas tarder à descendre pour se restaurer. Sauf les nobles qui exigeaient toujours qu’on les servît dans leur suite afin de ne pas se mêler à la « plèbe répugnante » des marchands. Alamane vérifia la propreté de la salle, les bouquets de fleurs, l’état des bougies… Dans sa tournée d’inspection, il croisa son père qui agissait de même et ils échangèrent leurs points de vue. Lorsque le cheval du premier client arriva, ils étaient prêts à l’accueillir.

   Alamane sortit au bruit familier des sabots. L’homme souriait en descendant de sa monture aussi en conclut-il que les affaires avaient été bonnes et il en profita pour échanger quelques mots et le féliciter de ses fructueuses transactions. Après quoi, il guida la monture vers l’écurie, lui trouva une stalle vide au sol recouvert de paille fraîche, la dessella, la brossa et vérifia l’eau dans le seau accroché à la paroi. Satisfait, il regagna l’entrée. Sur le chemin menant à l’auberge, il vit trois cavaliers qu’il reconnut et deux piétons également clients de l’auberge. Il salua chacun dans sa langue, les écouta se vanter des profits du jour ou pester contre les taxes exorbitantes puis s’occupa de les diriger vers la salle, leur chambre ou les bains. Lorsqu’il estima le dernier retardataire arrivé, il contourna l’auberge et passa en cuisine où sa mère et les deux esclaves s’activaient aux fourneaux. Il s’occupa de porter les plateaux en salle ou dans les chambres. Il y avait tant de travail que minuit était passé lorsqu’il rejoignit enfin sa propre chambre, une étroite pièce meublée d’un lit tout aussi étroit, d’une malle à son pied et d’une table supportant un nécessaire de toilette. Épuisé, il suspendit sa longue chemise de lin écru à l’un des porte-manteaux fixés derrière sa porte, puis son pantalon. Ses sandales atterrirent sous le lit. Il se débarbouilla rapidement avec l’eau de la cruche et s’allongea enfin. Il s’endormit avant que sa tête ne touche l’oreiller.

 

 

 



25/09/2009
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